Champion de France en auto et en karting la même année : une première ?
C’est l’année des doublés pour Grégory Guilvert. Trois semaines après avoir décroché un deuxième titre consécutif de champion de France FFSA GT, le Seine-et-Marnais a remporté… son deuxième titre de champion de France officiel de l’année ! Ce n’est déjà pas banal en soi, mais réussir pareil tour de force dans deux disciplines aussi différentes que l’auto et le karting, au volant de montures aussi éloignées qu’une Audi R8 LMS GT4 et un Birel ART-Tm 125 cm3 est un exploit probablement unique dans les annales.
Seul point commun, le circuit de Lédenon, qui figurait au calendrier des deux championnats. Greg n’avait guère été heureux dans le Gard cet été en GT. C’est pourtant près de Nîmes qu’il a obtenu, dans les derniers instants de la finale, son troisième titre de champion de France KZ2 Master Long Circuit.
L’affaire ne paraissait pas très bien engagée : à l’aube du dernier rendez-vous, après Carole en juin et Pau-Arnos en septembre, Greg pointait au 2ème rang, 50 points derrière l’excellent Montpelliérain Yoann Sanchez. Des points sont attribués à l’issue de la préfinale et de la finale, avec 50 points pour le vainqueur. Le pécule maximum possible par meeting est de 102 points pour deux victoires et le meilleur tour, chaque pilote devant aussi décompter son moins bon résultat. « Mathématiquement, c’était possible mais je n’étais pas favori » reconnait Greg. « J’avais tout de même un atout dans ma manche avec la présence au départ de Thomas Mich (quintuple champion de France et 3ème au Mondial 2009) pour me pousser vers la victoire ! »
Le sens propre et le sens figuré de cette expression se confondent car une des particularités du karting 125 sur long circuit consiste à pousser le pilote qui vous précède tout en bénéficiant de son aspiration et ainsi, les membres de ce petit train gagnent énormément de vitesse en ligne droite. Le tout à un rythme impressionnant. Greg a tourné 2 secondes et demi plus vite en course à Lédenon avec son kart qu’avec son Audi GT4 en juillet dernier. Rappelons que l’un est à peu près dix fois plus léger et dix fois moins puissant que l’autre.
« J’avais du matériel au top, j’étais vite sur le sec comme sous l’eau. Mais aux essais chronométrés, il y a eu un couac. Nous sommes partis en slicks sur une piste séchante. Tout le monde cherchait plus ou moins la bonne trajectoire entre les flaques en essayant de chauffer les pneus et en guettant la bonne aspiration. Mais la séance a été interrompue à cause d’un tête à queue de mon rival au championnat. Il restait cinq minutes et curieusement elle n’a pas été relancée. » Les deux candidats au titre se retrouvent 10 et 11ème !
Les trois manches se déroulent en pneus pluie. Malgré sa position en milieu de grille, Greg aligne une 6ème, une 1ère et une 4ème place. Dans la dernière manche, Sanchez serre son moteur juste devant lui ! Le challenger se qualifie 3ème tandis que le favori se voit relégué à la 22ème place. Mais l’épreuve devait nous réserver d’autres émotions.
Thomas Mich, l’ange gardien de Greg, est en pole position, la course d’équipe est donc de mise dans le clan Birel ART-MRT pour la préfinale. Affectés l’un et l’autre par des coupures moteur, les deux pilotes ont en outre affaire à forte partie et deux confrères non concernés par la course au titre leur donnent du fil à retordre. Mais Greg finit par l’emporter devant Thomas.
« Avec le jeu du décompte ma meilleure option restait la victoire en finale en espérant que Yoann ne finisse pas dans le Top 3 » notait Greg avant l’ultime et décisive empoignade. En début de course, tout se passe bien, les deux coéquipiers s’échappent et Greg boucle les 9 premiers tours en tête sans se retourner. Mais dans la dixième des douze boucles, il a la surprise de voir Yoann Sanchez, pourtant parti 11ème, le déborder en compagnie d‘un autre pilote dans la descente qui mène vers la courbe du « Camion ». D’autres concurrents ont utilisé la tactique de la poussette pour revenir et c’est en fait un peloton de six pilotes qui se bat pour les trois marches du podium dans les deux derniers tours de cette course folle ! J’ai repris l’avantage au bon moment et Thomas m’a accompagné jusqu’à la victoire. Yoann s’est classé 4ème mais on a attendu cinq minutes à la pesée avant de sauter de joie. Je remercie la famille Mich (importateur Birel ART ndlr) et la famille Spirgel et c’est un vrai bonheur de faire partie de la grande famille du karting. Je serai encore là en 2020 s’il n’y a pas de clash de date avec le GT. »
Grégory Guilvert est-il le premier pilote à devenir officiellement champion de France en auto et en karting la même année ? Gageons que les archivistes les plus passionnés ne manqueront pas de se pencher sur la question. Mais une chose est sûre : Greg, qui revient tout juste de la soirée annuelle Audi Sport, où il était invité en récompense du titre de champion de France FFSA GT partagé avec Fabien Michal, ne reviendra pas les mains vides de la remise des prix de la fédération dans quelques semaines !